Jour de l'An à Hanoi

Noël et la fumée des scooters d'Hué dans notre rétro, nous arrivons tranquillement au jour de l'an délocalisé pour l'occasion à Hanoï. Ah, le jour de l'an, seule beuverie occidentale planifié d'une année sur l'autre et qui contrairement à l'économie fait vraiment l'union.

 

Les 12 coups de minuit de ce soir sont le plus honteux prétexte qui soit pour enlacer et embrasser le plus de vietnamiennes possible. Pour être complètement honnête j'attends ce moment avec autant d'impatience qu'un pêcheur taquinant le gardon sur les rives du canal. Traduction, j'ai envie de pécho et du lourd si possible.

 

Puisque l'événement se veut international on invite Carles l'espagnol et on va tenter de retrouver Brett l'américain croisé quelques jours plus tôt sur la baie d'Halong.

 

Flo frissonne d'envie à l'idée d'en découdre avec ce jour de l'an vietnamien. Pour l'ami, le jour de l'an c'est le pèlerinage des anonymes alcooliques. Un moment de liberté total qui lui permet d'oublier la lente agonie d'une vie de comptable, loin des institutions où il a l'habitude de trainer sa frêle carcasse.

 

Carles s'offre lui une bouffée d'Oxygène. Le prof d'anglais d'Harbin contrée chinoise frontalière de la Sibérie où il enseigne à des étudiants chinois dont les facultés intellectuelles le plongent dans une sinistrose grandissante.

 

Quand à moi, tout va au poil. Je me fais saillant. Il faut dire que les vietnamiennes, leurs yeux, cette peau au grain lisse et coloré ainsi que leur chevelure d'un brun parfait sont autant d'éléments qui m'incitent a quelques efforts. Voilà pourquoi mon Levi's 501 donne à mon fessier une forme légère et onctueuse de petite lune.  Parfumé d'un zeste d'Azzaro, mon pull noir col en V laisse entr'apercevoir mon buste opulent et généreux de poil, signe de virilité dans n'importe quelle société qui se respecte un tant soit peu. Ma coupe de cheveux bigarrée me prête l'intention d'un rocker qu'on jugerait sur le retour.

 

De toutes les étapes qui composent un jour de l'an, la question du repas est la plus à même à semer la zizanie.

 

Bien sûr, il serait aisé et réducteur de cristalliser sur le dos des filles la raison d'être de cette zizanie. C'est pourquoi dans un esprit d'apaisement il convient de démontrer pourquoi celles-la font chier.

 

Depuis la nuit des temps le monde est scindé en deux parties. D'un côté les hommes, de l'autre les femmes.

 

L'homme est volontiers jovial, heureux, rigolard et aime à se retrouver en compagnie d'autre gentlemen qui comme lui se plaisent à converser de tout, de rien. Fréquemment, c'est autour d'un bon verre que ces bonnes gueules aiment se retrouver, dans un esprit de calme et de détente. Pour cet homme dont le sens du partage est sans égal, le temps qui sépare la première gorgée de la première bouchée est souvent un temps trop court qu'il conviendrait de prolonger.

 

À l'inverse pour la femme revêche, boudeuse, c'est souvent ce même temps qui est trop long. Il faut comprendre que leur condition de femme servante en ce soir si particulier leur renvoie directement à l'échec même de leur lutte pour la parité. Devant l'éternel (apéro), elles rient, elles râlent puis enfin elles gueulent.

 

C'est pourquoi quand arrive minuit l'homme dans sa grande bonté ne leur en tient pas rigueur, allant jusqu'à leur souhaiter une bonne année. En de rare occasion  il arrive même des fois que cela soit sincère.

 

Côté repas à Hanoï, rien de folichon. On mange Thaï dans une cantine aux allures de fast-food. Le solide une fois ingurgité peut laisser place au liquide. De loin, le moment le plus attendu.

 

Hanoï offre une frénésie tout à fait inattendue. Ici, dans la rue se joue un spectacle traditionnel chinois. Les scooters s'empilent les uns derrières les autres. Dès lors toutes circulations devient impossible. Là, place de l'Opéra ou de l'Indépendance une marrée humaine s'agite au rythme des chansons des stars locales. Imaginez l'horreur de ce que serait une cérémonie mêlant des Obispo, des Calogero, des Natasha St- Pier en version asiat et vous comprendrez aisément pourquoi nous tournâmes les talons et prirent une direction contraire à cet événement.

Direction le Funky Bouddha qui après coup sera par nos soins rebaptisé le Fucking Bouddha. Pas d'offense. La bière qu'on y sert a un goût rance et vous colle à la glotte. À moins d'avoir l’œsophage nappé d'une solide couche de PVC il est dur d'apprécier. L'agression continuelle de nos oreilles par la musique électro est de trop, après 30 minutes nous plions bagages.

 

Nous arrivons au DragonFly. C'est une grande bâtisse blanchâtre dans laquelle trois dancefloors se font concurrence. Étant sûr de faire l'unanimité le bar, se situant au carrefour de ceux-là , semble le mieux loti. Alors, pour ne vexer aucun des trois dancefloors, c'est au bar que nous accostons.

 

Enfin, l'heure fatidique de minuit arrive. Le décompte est lancé et à nous les bisous et les hugs. Ayez, 2013 est là. Exalté le barman ouvre une bouteille de ce que l'on croit être du champagne. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, nous sommes sous la fontaine. Malgré les efforts du barman à ne viser que nos bouches que nous ouvrons goulûment, nous voici inondés. Tout le monde a pris, la bouche, les dents, les joues, les cheveux, mon joli pull noir aussi. De plus, l'attendu champagne est en fait un horrible Lambrusco qui sous un soleil de plomb aurait tourné en un horrible pisse vinaigre. Déjà mouillé, maintenant on pue.

 

Malgré cet épisode malheureux, la fête bat son plein et partout il se donne à la faveur d'une étreinte des Happy New Year. Au moment où l'on se dit qu'ici on va être bien surgissent deux hommes aux costumes verts dont leur appartenance à la police ne laissent supposer aucun doute. La missive dont ces hommes semblent investit a pour but de stopper toutes forment d'amusement desquelles pourraient découler des débordements. Quelques instants plus tard, les lumières sont allumées et petit à petit tout le monde décampe. Circonspect, nous finissons lentement nos bières, discutant de la nouvelle marche à suivre. Il se joint alors à la conversation un groupe de six nanas. L'attitude de quatre d'entre elles qui se bécotent réduisent à la fois  ce cheptel et nos espérances.

 

Maintenant que faire ? Flo que l'alcool n'a pas encore dévoré nous éclair. Son œil vif et rond a observé chemin faisant, une taverne qui semble en mesure de tenir la promesse d'une fermeture tardive. Marchant dans les pas de l'ami, nous nous laissons guider. Si une partie du groupe a émis quelques doutes sur les capacités de Flo à nous mener à bon port, je n'en ai jamais douté. Lui, sans mots dire, avance, fort de ses certitudes. Quelques minutes plus tard, il annonce : "that's here."

 

L' endroit n'est pas large. La bière est bonne, on boit, on trinque, on parle, l'essentiel est là.

Ayant précédemment analysé la situation, celle-ci ne nous offre plus qu'un choix limité. La colombienne n'est pas trop mal, cela tombe bien elle se rapproche de moi. Brune, la peau claire, un visage aux traits fins, elle maquille ses 37 ans n'en paraissant que 27.

 

Rien d'anormal jusqu'ici, elle me questionne sur moi, ma vie. Je fais de même. C'est après que ça devient louche. Je reste persuadé que les sud-américains ne troqueraient pour rien, leur sens de la fête et les nuits acharnées sur les pistes de danse. Voilà pourquoi, quand elle me propose de l'accompagner, je ne suis pas surpris et je la suis volontiers. Les 20 centimètres qui nous séparent se réduisent seconde après seconde. L'instant d'après les courbes voluptueuses de son arrière train viennent se coller dans mon entrejambe, pour au moins huit centimètres je suis heureux. Elle se tourne, m'enlace, m'embrasse. Visiblement, le plan

qu'elle a échafaudé pour m'humilier est réglé comme du papier à musique et ce n'est pas tout. Après les actes, les mots : " oh Rudy t'es le plus beau, t'es trop chou et une heure durant elle me déverse le seul poison qui fait gonfler l'égo des hommes." Jusqu'où ira t-elle ? Lorsque, elle m'incite et m'invite à son hôtel, j'y vois l'occasion d'en savoir plus sur la quête qu'elle entreprend. Une fois sur place, son plan fonctionna fort bien.

 

Au réveil, ma thèse est la suivante : " La guerre de la parité que l'on croyait gagnée est en fait un échec pour l'homme, il se pourrait même que les femmes nous contrôlent depuis plus longtemps que nous le pensons."

 

Ensuite, elle me propose et m'offre de me payer un billet pour l'accompagner à Séoul ainsi que de m'installer aux États Unis. J'ajoute à ma thèse : " Il semblerait que cette attraction au pouvoir soit totale".

 

 L'aventure qui continue s'annonce bien meilleure que ce miroir aux alouettes, je décline.

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